1. Du Général Deguise, autorisé par son Gouvernement à accepter le poste;
2. du Colonel Henry, Vice-Gouverneur du Congo, auquel le Ministère des Colonies refusait son autorisation, et
3. du Major Kestens en troisième ligne.
Et j'avais ajouté que les deux premières étant en réalité les seules présentant toutes les conditions requises, une démarche faite par les Puissances réussirait peut-être à faire lever l'opposition du Ministère des Colonies. Je terminais ma Note en constatant que je n'avais reçu aucune autre offre de candidatures ni de Suisse, ni de Hollande. Cette situation s'est légèrement modifiée à la suite d'un voyage, que je viens de faire en Hollande et en Belgique.
A La Haye j'ai été frappé de la manière dont M. Loudon, le Ministre des Affaires Étrangères, comprend la question du choix de nos Inspecteurs Généraux. Loin de se désintéresser de ce choix et de se borner à nous indiquer des noms de personnalités plus ou moins qualifiées, sans préoccupation de la responsabilité qui en résulterait pour son Gouvernement, il m'a déclaré au contraire, qu'il se rend à tel point compte de l'importance qu'il y a à choisir du premier coup des hommes exceptionnels, réunissant en eux toutes les qualités de compétences nécessaires; que, conscient de la responsabilité de son Gouvernement, il était décidé à se récuser et à refuser toute indication de candidatures hollandaises, s'il n'arrivait à trouver des hommes, dont il pourrait affirmer qu'ils rempliront leurs fonctions en donnant entière satisfaction et en faisant honneur à la Hollande.
Les deux noms, qui au premier abord lui étaient venus à la mémoire et qu'il m'a cités, ceux du Général Van Heutsz, ancien Gouverneur Général des Indes, et du Major Colyn, ancien Ministre de la Guerre et de la Marine, ont été choisis par lui dans cet esprit. Ce sont deux personnalités qui ont eu des carrières brillantes et ont fait leurs preuves comme hommes de Gouvernement et comme administrateurs.
Toutefois ni le Général Van Heutsz, ni la Major Colyn n'ont encore été pressentis; on ne sait donc pas s'ils seraient disposés à poser leur candidature. J'ai la conviction que s'ils acceptent, on pourrait faire confiance à M. Loudon et agréer ces candidats sans inquiétude. Mais accepteront-ils? On sera bientôt fixé en ce qui concerne le Général Van Heutsz, qui se trouve à Amsterdam, et S.E. M. Swétchine en informera aussitôt son Gouvernement à St-Pétersbourg. Quant à M. Colyn, il se trouve en voyage et ne rentrera pas en Hollande avant une quinzaine de jours.
Si l'on n'était pas si pressé, - tandis qu'il y a malheureusement urgence d'après la dépêche de S.E. M. Sasonow, qui m'a été communiquée par S.E. M. Iswolsky, - j'aurais recommandé d'attendre que le Gouvernement Hollandais fut fini sur l'acceptation de ces deux personnalités ou qu'il eut peut-être découvert d'autres candidats à nous recommander. On pourrait alors faire un choix entre les candidats belges et Hollandais, ou en prendre un dans chacun des deux pays. Mais si l'on ne pouvait pas attendre, il ne resterait plus que les candidats belges, et je n'hésiterais pas à insister, en ce cas, pour qu'une démarche officielle fut faite auprès du Gouvernement Belge pour lui demander de Colonel Henry.
Je me suis assuré qu'une pareille démarche permettrait au Président du Conseil des Ministres de vaincre la résistance du Ministre des Colonies. Dans deux entretiens que j'ai eu avec le Baron de Broqueville, dont le premier en présence du Prince Koudacheff, qui avait bien voulu m'accompagner, je lui ai très nettement posé la question, en faisant ressortir surtout le résultat très peu encourageant auquel nous sommes arrivés en Belgique, après de longues recherches. N'ayant trouvé que deux seuls candidats réunissant les qualités indispensables, nous ne pouvons pas même à l'heure qu'il est, les proposer au choix des Puissances, par suite de l'opposition du Ministre des Colonies pour l'un d'eux. J'ai rappelé au Président l'expérience malheureuse des fonctionnaires belges en Perse, dont le Gouvernement doit avoir à cœur d'effacer la mauvaise impression, en n'envoyant en Arménie que des hommes de haute valeur et présentant toutes les garanties de succès. Je n'ai pas à répéter ici, tous les arguments que je lui ai développés pour montrer l'importance européenne de la mission et l'intérêt qu'il y aurait pour son Gouvernement à ce que les future Inspecteurs Généraux fussent choisis en Belgique; le Baron de Broqueville en avait conscience et il nous en fournit la preuve, à S.E. le Prince Koudacheff et à moi, en nous donnant l'assurance qu'il ne manquerait pas de vaincre l'opposition du Ministre des Colonies, dès qu'une démarche serait faite par le Ministre de Russie, en faisant valoir auprès de son collègue que la question ne doit pas être envisagée au point de vue seulement des intérêts belges, mais de l'intérêt supérieur européen.
Cette déclaration nous a été faite à titre strictement confidentiel et elle m'a été renouvelée deux jours après, à mon retour de La Haye, avec plus de force encore, M. le Président ayant été jusqu'à me dire qu'il imposerait au besoin à son collègue l'acceptation du Colonel Henry, en raison de l'importance européenne de la question.
C'est en sortant de chez le Baron de Broqueville que le Prince a télégraphié à St-Pétersbourg, pour rendre compte de notre conversation au Gouvernement Impérial et lui recommander le choix du Général Deguise et du Colonel Henry, comme candidats belges, en proposant, en se qui concerne ce dernier, de faire une démarche officielle.
Si en effet les nominations sont urgentes, du fait que les noms des Inspecteur Généraux doivent figurer dans la Note de la Porte, avant qu'elle ne soit définitivement signée, je n'ai pas, dans l'état actuel des candidatures posées, d'autres noms à recommander. Mais je le répète que si l'on pouvait, sans inconvénient, différer le choix pendant quelques temps encore, il y aurait intérêt à attendre la réponse du Gouvernement Hollandais, qui ne proposera que des hommes d'une capacité éprouvée.
Deux cas peuvent se présenter:
1. les recherches du Gouvernement Hollandais aboutissent et des candidats de grande valeur sont présentés par lui.
2. les recherches n'aboutissent pas, faute de candidats capables.
Dans le premier cas, en aurait le choix entre les candidats hollandais et les deux candidats belges, ci-dessus, en prenant soit les deux Inspecteurs Généraux dans le même pays, soit l'un en Hollande et l'autre en Belgique.
Dans le second cas, il n'y aurait plus qu'à faire, sans hésitation, la démarche officielle pour demander le Colonel Henry, et engager se dernier en même temps que le Général Deguise.
Il ne s'est présenté jusqu'à présent, à ma connaissance, aucune candidature ni en Suisse, ni en Danemark.
NOTE SUR LES INSPECTEURS GÉNÉRAUX
Observations
2. Major Halemryck, 44 ans, de Bruxelles, parle allemand et anglais, marié, 2 enfants; sa femme et ses enfants partiraient avec lui. Probité à toute épreuve. Intendant, Ancien officier du Génie, Major; a des qualités administratives.
5. Cabra. Lieutenant Colonel d'Etat Major. 52 ans. Sous Lieutenant 1882 (infanterie), passé à l'E.N. comme capitaine Major d'H.M. 1908. A été chargé d'une mission spéciale au Congo par le Roi Léopold II, comme capitaine d'Etat Major; a obtenu à cette occasion la croix d'officier de l'ordre de Léopold.
6. Major Kestens. Major d'artillerie. Ingénieru electricien (hors cadres) 47 ans. Sous-Lieutenant 1886. Capitaine commandant 1904. Major 1913. A été mis à la disposition du Gouvernement Argentin, qui l'a utilisé tout d'abord comme professeur à l'Ecole de Guerre et lui a confié ensuite la réorganisation de l'armée. Intelligence vraiment hors ligne, a laissé partout où il a passé la réputation d'un homme supérieurement doué à tous les points de vue.
Très énergique, très cassant, orgueilleux, tête chaude, aucune pratique administrative. Etant au Congo des incidents se sont produits, qui n'étaitent pas a son avantage et on a eu à lui reprocher des actes touchant à la discipline.
Je n'ai que de bons renseignements à son sujet. Le Gouvernement de l'Argentine ne l'a vu partir, - sa mission de réorganisation de l'armé étant accomplie, - qu'à regret et il a remercié très chaudement le Gouvernement Belge pour les services que le Major a rendus à la République Argentine. On a fait de grandes manifestations en son honneur à son départ en témoignage de reconnaissance.
10. Le Général Major du Génie Deguise. 59 ans. Sous lieutenant en 1874, Major en 1903, Lieutenant Colonel en 1911, Général Major en 1913. Il fut professeur du cour de fortifications à l'École Militaire, il est l'auteur de nombreux traités de fortifications et il fait autorité en matière de fortifications, tant à l'étranger qu'en Belgique. A été commandant du Génie à Bruxelles et désigné comme "adlatus" du commandant de la troisième division d'Armée et Gouverneur de la position fortifiée de Liège. A été désigné officiellement par le Gouvernement Belge pour accomplir plusieurs missions a l'Étranger.
Homme de Très grande valeur d'une intelligence rare, d'une culture générale très étendue. Caractère énergique, ayant en même temps beaucoup de tact. Probité absolue. Possède une certaine fortune personnelle. Marié, sans enfant.
Les notes ci-dessus montrent que de toutes les candidatures qui se sont posées, il n'y en a, en réalité que trois a retenir, celles du Générale Deguise, du Colonel Henry et du Major Kestens.
Quant au Général Michel, qui, par son titre d'Ancien Ministre de la Guerre, aurait pu sembler le mieux qualifié, les observations que j'ai faites ci-dessus doivent malheureusement écarter sa candidature. J'avais au premier abord été séduit par sa situation et ses qualités d'énergie. Mais les informations qui m'ont été données, sont, par leur nature trop inquiétantes. Il a quitté le Ministère de la Guerre de son plein gré; mais sa retraite s'imposait par son insuffisance administrative, que rendait le travail difficile. Il avait de même échoué au Congo. Il a eu un incident, après sa sortie du Ministère, à Anvers, où il occupait le commandement de la Place. Il donna sa démission à la suite d'un blâme, que son attitude en cette circonstance lui valut devant un conseil d'enquête composé de Généraux. C'est ainsi qu'il est aujourd'hui retraité avant l'âge. Je tiens ces informations de sources dignes de foi. Un Officier qui le connaît très bien et qui n'a aucun motif d'animosité contre lui, m'a assuré que si, avec les pouvoirs étendus qui appartiendront aux Inspecteurs Généraux, il allait en Arménie, il ne tarderait pas à créer des conflits, qui mettraient les Puissances dans l'embarras. Je ne pense pas que, dans ces condition, on puisse prendre sa candidature en considération.
Le Colonel Henry réunit sans contredit toutes les qualités exigées, aussi bien comme homme d'action que comme administrateur. Il m'a fait l'impression d'un homme supérieur. C'est par son énergie, son tact et ses connaissances militaires et administratives qu'il est arrivé aux fonctions de Vice-Gouverneur du Congo, qu'il remplit actuellement. Il y donne si bien satisfaction que son ministre n'a pas consenti à le laisser partir, prétendant que c'est un des seuls hommes sur lesquels il peut compter, et qu'il ne pourrait pas le remplacer. Le Ministre des Colonies a été irréductible jusqu'à présent, malgré les démarches très pressantes faites, à ma demande, par son collègue des Affaires Étrangères. Le Colonel, pressenti par moi, serait tout disposé à accepter si son Gouvernement l'y autorisait.
Je n'ai pas encore vu personnellement le Général Deguise, dont la candidature n'a été posée que depuis mon retour de Bruxelles; je vais y retourner demain pour le voir; mais mon fils, qui a eu de longs entretiens avec lui, m'écrit que c'est sans contredit un homme de grande valeur, qui remplirait admirablement les fonctions difficiles et délicates d'Inspecteur Général. Indépendamment de l'autorité qu'il a acquise en matière de fortifications, il possède, d'après les renseignements que j'ai sur lui, toutes les qualités d'énergie, d'autorité, de doigté, de probité, etc.... que nous recherchons. Le Ministre de la Guerre pressenti, l'autorise à accepter. Sa candidature a donc, sur celle du Colonel Henry, l'avantage de ne pas rencontrer l'opposition du Gouvernement Belge. Je dois ajouter que le Général Deguise a déclaré que s'il était agréé par les Puissances, il demanderait à ce que le choix de l'Inspecteur Général du deuxième secteur fut fait d'accord avec lui, afin qu'il ait entre eux une certaine harmonie, qui profiterait à la bonne marche des réformes.
Le Major Kestens, sur qui je n'ai eu que de bons renseignements, serait, après le Général Deguise et le Colonel Henry, le seul des autres candidats pouvant convenir. Il est plus jeune et la mission qu'il a remplie en Argentine étant d'un caractère exclusivement militaire, il n'a pas eu à faire ses preuves d'aptitude et de compétence administrative.
Il ressort de tout ce qui précède, que, sous réserve de la confirmation des excellents renseignements sur le Général Deguise, que j'espère obtenir dans deux jours à Bruxelles, c'est certainement sa candidature qui se présente dans les meilleures conditions; car en dehors de ses qualités personnelles, son choix ne rencontrera aucune opposition de la part de son Gouvernement, qui cependant a déclaré faire un sacrifice en se séparant de lui. Il n'en est malheureusement pas de même du Colonel Henry, que je n'aurais pas hésité à recommander, en même temps que le Général Deguise, si je n'avais rencontré chez le Ministre des Colonies une opposition jusqu'ici irréductible. Il se pourrait toutefois que cette opposition cessât devant une démarche officielle des Puissances auprès du Gouvernement Belge.
La candidature du Major Kestens viendrait au troisième ligne, on tenant compte toutefois du vœu exprimé par le Général Deguise, au sujet du choix de son collègue du deuxième secteur, le Général doit m'indiquer à cet effet deux candidatures nouvelles que j'examinerai.
Tel est l'état actuel de nos recherches en Belgique, - seul pays où des candidatures se soient présentées jusqu'à ce jour. Nous n'avons trouvé personne en Suisse, - quoique je me sois adressé à des personnalités très qualifiées, - ni en Hollande, d'où l'on m'écrit qu'on n'espère pas aboutir sans de longues recherches et de laborieux pourparlers. Je vais néanmoins aller vendredi a La Haye, où je verrai le Ministre de Russie ainsi que le Ministre des Affaires Étrangères, avec qui je suis déjà en rapport et qui attend ma visite.
Je rédigerai, à mon retour de Belgique et de Hollande, une Note, complétant, celle-ci, sur les nouvelles candidatures qui pourront s'être présentées.
Wie wir hoeren, hat der bekannte Vorkaempfer armenischer Interessen, Boghos Nubar Pascha in Paris, dem russischen Minister des Aeussern, Herrn Sasonow, einige Personen namhaft gemacht, die nach seiner Ansicht als Generalinspekteure fuer die beiden oestlichen anatolischen Sektoren in Betracht kommen.
(nur zu 1.) Unter anden hat er die nachstehenden belgischen Offiziere benannt:
1. General Deguise, Generalmajor des Ingenierkorps.
2. Oberst Henry, Vicegouverneur des Congostaates.
3. Major Kestens, der einige Zeit als Reorganisator der argentinischen Armee tätig war.
(nur zu 2.) Unter anderen hat er den General Van Heutsz, ehemaligen Generalgouverneur von Niederlaendisch-Indien, und den Major Colyn, ehemaligen Kriegs- und Marineminister, benannt.
(zu 1. und 2.)
Ew. pp. bitte ich, unter der Hand, soweit tunlich, Naeheres ueber die Persoenlichkeit dieser Kandidaten zu ermitteln und uns von dem Ergebnis zu unterrichten. Insbesondere wäre uns eine Auskunft darüber erwünscht, ob etwa Tatsachen vorliegen, die eine uns unerwünschte Hinneigung der Genannten zu Frankreich oder Rußland befürchten lassen.